20/04/2010
Féroce, bref, consternant et drôle, "Que d'espoir!" est l'expression d'une nécéssité, un théâtre de l'urgence. Tout au long de sa vie, Hanokh Levin écrit des sketches et des chansons qu'il met en scène, fustigeant à chaud l'actualité de son pays. Dans le style des cabarets expressionnistes, Levin décompose et démolit les valeurs qui alimentent la violence de nos sociétés, dans des raccourcis où explosent l'absurdité et le cynisme. Ses textes détachés des seuls contingeances israéliennes, parlent dans une vaste perspective de la domination qu'elle exerce dans le champ politique (d'une nation sur une autre), social (d'un individu sur un autre), familial (guerre des sexes et des générations) mais aussi métaphysique (domination du vide et de l'absence de sens à donner à nos "calamiteuses" destinées)
Affranchi de la logique d'une intrigue unique, "Que d'espoir!" tire sa force de sa structure hétérogène, imprévisible et ouverte, appelant un théâtre d'une impétueuse vigeur. Ces caractéristiques nous ont conduit à penser que les dernières performances musicales du collectif Inouï, singulières par leur esprit comme par leur virtuose dépense, en faisaient un matériel avantageusement et naturellement à associer.
"Que d'espoir!" pourrait trouver, dans cette "collectivisation" de talents parfaitement autonomnes, et pourtant indissociables (dans des rapports de proximité, de décalage ou de frictions) une combinaison propore à déplacer les contours traditionnels de la représentation théâtrale et dynamiser sa force de frappe. Levin met en le théâtre en pièces et son destinataire sur le qui-vive. On a envie de le suivre.
Agnès Régolo.
En répétition au Théâtre des Halles à Avignon. Crédit photographique : Delphine Michelangeli