17/01/2025
Elle empêche les choses de dormir
Commissariat : Karin Schlageter
Avec : Raphaël Barontini, Cindy Coutant, Louise Hervé & Clovis Maillet, Sayako Kishimoto & Mako Idemitsu, Roxanne Maillet, Aya Momose & Mai Endo,
Pétrel | Roumagnac (duo), Laura Vazquez
Une exposition du 13 février au 10 mai 2025 à Mécènes du Sud (Montpellier)
Vernissage le mercredi 12 février 2025 de 18h à 21h
Une exposition du 1 février au 12 avril 2025 à 40mcube (Rennes)
Vernissage le vendredi 31 janvier à partir de 18h30
Cette exposition est comme dédoublée : elle se déploie en deux lieux, presque en même temps, avec les mêmes artistes, les mêmes questions, et pas tout à fait les mêmes réponses ni les mêmes œuvres. Elle pose un principe d’expérimentation et réaffirme que qu’en tant que forme et discours, elle est un espace de jeu. Elle invite le public à réagencer mentalement chacune des deux propositions à sa guise et à considérer les variantes - tout comme les parts absentes - comme autant de trajectoires potentielles, toutes valables. Très peu de personnes feront l’expérience des deux versions, et finalement c’est cette lacune et son potentiel d’imaginaire qui sont constitutives de l’expérience.
Il y a cela en commun avec les œuvres présentées dans l’exposition : elles découlent du constat d’un manque de représentation et l’effacement des récits minoritaires, d’une non-préservation de l’Histoire des minorités. La réécriture, la parodie, l’emprunt ou encore le collage sont un terrain d’expérimentation et de jeu privilégié pour contrer cela, invitant à déjouer les narrations dominantes, normatives, pour leur faire dire ce qu’elles ne disent pas à la base. En s’attaquant notamment aux mythes, les artistes hybrident des figures dominantes avec des histoires marginalisées pour générer des contre-espaces de résistance et de transformation, des mondes nouveaux. Cette collision entre le passé et le présent est essentielle pour libérer de nouvelles perspectives et faire jaillir le raz-de-marée qui permettra de tout recommencer. Ursula K. Le Guin l’affirmait plus ou moins dans ces termes : “Pour trouver un monde, il faut peut-être en avoir perdu un”.
L’image de l’engloutissement du monde - peut-être pour permettre son renouveau - est déployée par Laura Vazquez dans Dans le sommeil d’un nourrisson le texte qu’elle écrit spécialement pour l’exposition et dont est tiré le titre de celle-ci, et qui s’inspire du déluge de Deucalion. Ce texte constitue en quelque sorte la trame narrative de l’exposition et étire sur elle sa lumière crépusculaire. La graphiste Roxanne Maillet en produit deux interprétations graphiques radicalement différentes pour les espaces de Rennes et de Montpellier, générant ricochets et échos entre les deux lieux. D’une manière similaire, les chemises talismaniques de Raphaël Barontini présentées à Rennes répondent au rêve du gilet de la mère de Louise Hervé et Clovis Maillet accroché à Montpellier. De même que les costumes présentés dans l’installation de Pétrel | Roumagnac (duo), tous ces vêtements au potentiel magique ou performatif sont virtuellement habités par des corps. L’absence de ceux-ci suggère que l’on puisse s’en habiller et réactiver leurs récits. Plus encore dans les trois films (Cindy Coutant) et vidéos (Aya Momose & Mai Endo, Sayako Kishimoto & Mako Idemitsu) présentées dans l’exposition, où le corps apparaît comme le véhicule privilégié de toute révolution, conçu comme un espace de contestation face aux structures de pouvoir, s’imposant comme réponse aux sociétés de contrôle, traduisant une mémoire vivante et une force d’émancipation, et incarnant ce que Michel Foucault nommait les contre-conduites.
L’archive, loin de fixer le passé, devient un outil vivant de résistance et de réappropriation, permettant de réécrire l'histoire depuis ses marges. Le motif du fragment est central : en mettant en avant les morceaux d'histoires et de mémoires partielles, l'exposition invite à tracer des liens entre le passé et le présent, et à embrasser les oublis à pleine bouche, comme des catalyseurs d'imaginaires et de virtualités.
- Karin Schlageter, commissaire de l'exposition -
¡Viva Villa!
¡Viva Villa! est le rendez-vous des résidences artistiques françaises à l’étranger. Ce programme innovant est le fruit de la collaboration entre la Casa de Velázquez (Madrid, Espagne), la Villa Albertine (États-Unis), la Villa Kujoyama (Kyoto, Japon) et la Villa Médicis (Rome, Italie).
Né en 2016 sous la forme d’un festival, ¡Viva Villa! a évolué pour devenir un véritable tremplin pour les artistes, qui favorise leur mise en réseau et valorise leur parcours post-résidence. Depuis 2023, ¡Viva Villa! prend la forme d’un soutien à la production et la diffusion artistique contemporaine à travers une programmation d’événements se déployant sur l’ensemble du territoire français.
Pour la saison 2024-2025, ¡Viva Villa! se déploie dans toute la France avec 13 manifestations associant plus de 80 artistes ayant séjourné dans l’une des quatre résidences à l’étranger. En marge de ce programme, la Gaîté Lyrique accueille chaque année un grand événement professionnel associant artistes et chercheurs des quatre résidences.
Avec le soutien du ministère de la Culture, du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de l’Académie des beaux-Arts, de la région Sud, de l’Institut français, de la Fondation Bettencourt Schueller, de la Fondation Roederer et de Ardian.